Date de publication20 Sep 2017 - 15:46
Code d'article : 284769

Violence contre les Rohingyas: le discours d'Aung San Suu Kyi n'apaise pas les critiques

Taghrib (APT)
Le tollé international provoqué par le sort des Rohingyas en Birmanie, qualifié de "nettoyage ethnique" par plusieurs dirigeants, a repris de plus belle mardi à l'ONU, malgré le discours à la nation birmane d'Aung San Suu Kyi qui n'a pas apporté de solution concrète.
Violence contre les Rohingyas: le discours d
La Grande-Bretagne, l'ex-puissance coloniale, a annoncé qu'en raison de "la poursuite des violences", dont sont victimes les membres de cette minorité musulmane dans l'ouest de la Birmanie, elle suspendait son aide à l'entraînement de l'armée birmane, accusée de procéder à une "épuration ethnique" par les Nations unies et des ONG.

De la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le secrétaire général de l'Organisation, Antonio Guterres, a appelé à "mettre fin aux opérations militaires et permettre un accès humanitaire sans restrictions" aux victimes des combats.

"Les opérations militaires doivent cesser, l'accès humanitaire doit être assuré et le droit rétabli, face à ce qui est, nous le savons, un nettoyage ethnique", a renchéri dans cette enceinte le président français Emmanuel Macron.

Comparant la crise au génocide de 1994 au Rwanda et aux massacres de 1995 en Bosnie, son homologue nigérian Muhammadu Buhari a lancé dans l'hémicycle: "La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse".

Quant au Turc Recep Tayyip Erdogan, il a accusé les autorités birmanes d'utiliser les attaques des rebelles rohingyas comme "prétexte" pour chasser les membres de cette minorité.

Avant l'ouverture de l'Assemblée générale, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s'était dite disposée, dans une allocution télévisée en anglais sans sous-titres en birman, à organiser le retour des 421.000 Rohingyas réfugiés au Bangladesh.

"Nous sommes prêts à commencer la vérification" des identités en vue d'un retour, avait-elle déclaré depuis Naypyidaw, la capitale birmane, sans préciser si les critères très restrictifs seraient assouplis.

L'opinion birmane est chauffée à blanc par les critiques internationales sur le sort des Rohingyas qui ont fui l'Etat Rakhine, où l'armée est engagée dans une vaste campagne de représailles depuis des attaques, le 25 août, de rebelles rohingyas.

- Camps bondés au Bangladesh -

Les Etats-Unis, qui prennent soin de pas blâmer la prix Nobel de la paix, ont "salué l'engagement du gouvernement birman à mettre un terme à la violence" et à autoriser les déplacés à "rentrer chez eux".

Aung San Suu Kyi est critiquée pour son silence et sa froideur depuis le début de la crise.

Mais elle n'est pas allée jusqu'à publiquement critiquer l'armée. Et si elle a promis de punir tous les abus, "encore faut-il que nous disposions de preuves solides", a-t-elle ajouté.

Amnesty International a dénoncé une "politique de l'autruche" car "il existe des preuves écrasantes que les forces de sécurité sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique".

Les Rohingyas, plus grande population apatride du monde, sont traités depuis des années comme des étrangers dans ce pays à plus de 90% bouddhiste.

Victimes de discriminations depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils ne peuvent ni voyager ni se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics.

Dans les camps au Bangladesh, les réfugiés étaient sceptiques quant à la possibilité de retour.

"Comment prouverons-nous que nous sommes Birmans? Nous n'avons pas de papiers", s'inquiétait Abdur Razzak.

Les forces de l'ordre bangladaises tentaient de maîtriser cette marée humaine, tandis que les nouveaux arrivants campaient sur les bords des routes, dans les champs et les forêts, faute de place dans les camps bondés.

Mardi, les autorités ont détruit des abris près du grand camp de Kutupalong.

Amina Khatun, 70 ans, avait d'abord établi une tente dans une plantation de caoutchouc, d'où elle avait été chassée, avant d'être également expulsée d'une école.

"Nous courons partout comme des poulets décapités. Ils nous disent de partir maintenant. Pourquoi?", se lamentait-elle auprès de l'AFP.
https://taghribnews.com/vdcaiynuo49na01.z5k4.html
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