Date de publication15 Aug 2014 - 20:03
Code d'article : 166254

Palestine/Gaza: il y a des corps sous les décombres

Agence de presse TAGHRIB (APT)
Sur la colline du quartier d'Al-Boura, à Beit Hanoun, à l'extrémité nord-est de la bande de Gaza, un groupe se masse autour des enquêteurs de la défense civile. Les employés du ministère des travaux publics palestiniens sont venus évaluer, jeudi 14 août, les dommages subis dans ce quartier laissé à l'état de ruines après deux semaines d'occupation de l'armée israélienne.
Palestine/Gaza: il y a des corps sous les décombres

Dans leur carnet, ils notent l'emplacement des immeubles détruits, leur surface et le nom des propriétaires. Certaines familles ont laissé sur les décombres de leur maison une bannière en plastique avec un numéro de téléphone et leur nouvelle adresse. Zaki Wahdan, un Palestinien de 19 ans, indique aux officiels son immeuble effondré, où sont morts douze membres de sa famille.

Lorsque les ambulances et les bulldozers ont pu pour la première fois accéder aux lieux, le 5 août, ils n'ont retrouvé que quatre corps et les membres de cinq autres proches, dont ceux de ses deux frères, Ahmed, 14 ans et Hussein, 10 ans. « Il y a encore des corps sous les décombres, mais il faut les bulldozers », dit le jeune homme. Les équipes de la défense civile, mobilisées sur d'autres sites, ne pourront pas intervenir aujourd'hui.

Résigné, Zaki Wahdan préfère retourner à l'école Al-Ayyoubiyya de l'United Nations Relief and Works Agency (UNRWA) où il vit désormais avec le reste de sa famille. Des dizaines d'autres familles passent leur journée devant leur immeuble détruit, assises sur une paillasse installée sous une tente de fortune à l'abri du soleil.

16 000 MAISONS DÉTRUITES

Au milieu des décombres, où flotte ici et là le drapeau vert du Hamas, les hommes fouillent les gravats à la recherche d'effets personnels. Cinq jours après le début de la trêve, les équipes chargées d'évaluer les dommages humains et matériels n'en sont qu'au début de leur immense tâche. Plus de 16 000 maisons ont été détruites dans la bande de Gaza, selon l'Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), l'agence de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, ainsi qu'une partie importante du réseau électrique et des infrastructures d'eau.

Un quart des 350 000 personnes réfugiées dans les écoles de l'UNRWA ou chez des proches n'ont nulle part où retourner. L'UNRWA se prépare à accueillir ces familles pendant de longs mois encore, le temps que la reconstruction commence. Il faudra des semaines pour établir le bilan définitif des victimes, aujourd'hui estimé à 1 973 morts par l'OCHA à la suite des attaques israéliennes. 

A Jabaliya, le camp de réfugiés a retrouvé son animation d'avant-guerre. Les habitants font leurs courses dans les boutiques du marché. Dans les rues défoncées par les bombardements israéliens, et inondées d'eaux saumâtres, des embouteillages se forment. Camionnettes de livraison, voitures transportant couvertures et ballons d'eau neufs, véhicules d'aide des Nations unies et cyclomoteurs transportant des familles se livrent bataille pour emprunter les rues étroites.

LE HAMAS ÉVALUE LES DÉGÂTS


A Gaza-ville, une longue queue s'est formée sur le trottoir à l'entrée de la banque de Palestine pour percevoir les aides distribuées par l'Autorité palestinienne. Ahmed, un jeune homme de 32 ans, ne trouve pas son nom sur la liste. « Il faut s'enregistrer avant », lui explique un homme. D'autres font la queue devant les agences de l'UNRWA, qui distribuent des paquets d'aide alimentaire.

Le Hamas a lui aussi distribué des aides aux familles palestiniennes. Les comités du mouvement islamiste passent dans les quartiers détruits pour évaluer les dégâts.

A Chajaiya, un quartier totalement détruit par les raids israéliens, près de Gaza-ville, Nasser Hayat a reçu leur visite. Il revient chaque jour dans son immeuble, où sont morts onze membres de sa famille dans un bombardement. L'homme d'affaires de 47 ans regarde, consterné, son stock de vêtements importés déchiquetés par les débris d'obus israéliens. « J'espère que le gouvernement va nous dédommager, mais on n'y croit pas trop. Il y a des personnes qui n'ont encore rien touché pour les dégâts occasionnés pendant la guerre de 2012», dit-il dans le salon de l'appartement luxueux qu'il venait tout juste de terminer pour son fils Hani, qui devait se marier cette semaine.

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