La cause syrienne aujourd’hui est celle de la liberté et de l’indépendance d’une nation, face à une guerre sans merci dirigée par les États-Unis à partir du territoire turc, et financée par les pétromonarchies du Golfe, qui se trouvent à l’opposé de la démocratie. Et pour alimenter cette guerre, cette alliance coloniale n’hésite pas à mobiliser des jihadistes (un euphémisme pour dire terroristes) du monde entier, de l’aveu même de l’Agence France presse, qu’on ne peut pas accuser de complaisance ou de sympathie pour le pouvoir syrien. Des centaines d’entre eux ont d’ailleurs été tués lors de l’épuration de Damas, dans le quartier de Midane, où les combattants étaient dans leur grande majorité des étrangers. Les autres ont été acheminés de la campagne de Damas et de Homs. C’est le même schéma qui se reproduit à Alep, la deuxième ville du pays, dans le Nord.
L’opinion publique syrienne connait bien ces réalités. Selon des études fiables, dans le pire des cas, la population syrienne peut être divisée en trois blocs inégaux : près de 50 % appuient l’État et son armée et gardent confiance dans les capacités du président Bachar al-Assad à mener les réformes ; 35 % sont des partisans des réformes mais sont très critiques à l’égard du pouvoir actuel, notamment la corruption. Ils sont franchement hostiles à toute intervention étrangère et restent attachés à l’indépendance et à l’unité du pays. Le reste, soit 15 %, soutiennent les différentes factions de l’opposition, dont les Frères musulmans. Un mouvement qui est arrivé au pouvoir en Égypte et ailleurs et qui a affiché d’emblée sa volonté de « travailler » avec les États-Unis. La dernière déception, pour ceux qui croyaient en lui, est venue du refus du président égyptien Mohammad Morsi de lever le blocus imposé à la Bande de Gaza, après avoir reçu le Premier ministre limogé du Hamas (la Branche palestinienne des Frères musulmans), Ismail Haniyya. Le prétexte avancé par Morsi est que Le Caire est lié par des engagements internationaux de nature sécuritaire.
L’État syrien jouit donc du soutien des deux tiers de la population. C’est cela, et uniquement cela, qui explique les raisons pour lesquelles le régime résiste depuis 17 mois à une véritable guerre mondiale menée contre lui. Pour tous ces facteurs, il ne fait aucun doute que quelques milliers de miliciens, financés par le Golfe, entrainés par la Turquie et organisés par la CIA, n’ont aucune chance de tenir face à l’armée nationale syrienne dans la ville d’Alep. Les équations internes et externes donnent la victoire à l’État, qui parviendra à écraser les hordes jihadistes internationales et à nettoyer les repères des insurgés.
La bataille sera rude, difficile, peut-être longue, au vu des moyens colossaux déployés par les États-Unis et leurs auxiliaires régionaux et internationaux. Mais en plus de la solidité de son armée et de ses institutions, la Syrie peut compter sur la fermeté de Moscou et de Pékin, qui n’accorderont aucune légitimité à une quelconque action étrangère. Mais surtout, la Syrie dispose d’une supériorité morale dans son combat. La bataille que livre Bachar al-Assad en 2012 ressemble en plusieurs points à celle menée et gagnée par Gamal Abdel Nasser, en 1956, contre les puissances coloniales déclinantes de l’époque, la France et la Grande-Bretagne.
« Tendances de l’Orient »