Le n°2 de la diplomatie russe au Figaro : « Bachar ne partira que s’il est battu à la présidentielle »
« Important soutien » de la population à Bachar
« Bachar al-Assad nous a clairement déclaré que si le peuple ne voulait plus de lui, et s’il se choisissait un autre leader lors d’une élection présidentielle, il partirait » a précisé Bogdanov. Voilà qui devrait, si l’opinion française n’est pas trop lobotomisée par 18 mois de propagande quasi-totalitaire, « retoucher » un peu le portrait du « dictateur » accroché au pouvoir contre son peuple, peint avec application sinon talent par tous les éditorialistes et présentateurs de France et de Navarre.
Le vice-ministre ajoute logiquement dans son entretien que ce n’est ni aux Russes ni aux Français « de décider du sort du président syrien« . Bogdanov n’a pas précisé si Bachar serait le candidat préféré des Russes à la présidentielle à venir, mais il a estimé dans les colonnes du Figaro que le le régime syrien était « encore stable » et qu’il jouissait « d’un soutien important de la population« . Soutien, précise Mikhaïl Bogdanov, « qui n’est pas motivé par l’amour des Syriens pour Bachar al-Assad, mais plutôt par la crainte de ceux qui lui succéderaient« .
Ce disant, Bogdanov est en conformité avec ce qu’on pourrait appeler une « coquetterie diplomatique » russe, qui a toujours fait dire aux dirigeants de Moscou qu’ils ne soutenaient pas Bachar en particulier, mais la souveraineté de la Syrie, et les plans de paix. Pour autant, Moscou n’a pas d’autre candidat sérieux au poste de dirigeant syrien. Et il est évident que Bachar est devenu, par sa résistance à la gigantesque pression internationale et aux bandes sectaires et sanguinaires de l’insurrection, un véritable homme d’État, sans doute plus populaire aujourd’hui qu’hier. Le diplomate russe ne s’est pas fait faute de rappeler aux lecteurs du grand quotidien atlantiste français qu’une chute brutale du régime conduirait à une « somalisation » de la Syrie, avec toutes les effroyables conséquences qu’on imagine pour la population.
Par ailleurs Bogdavov a proposé, par delà les les lecteurs du Figaro, l’organisation d’une conférence réunissant « tous les acteurs du conflit » aux Occidentaux. Cette conférence pourrait réunir en effet des représentants du gouvernement et des oppositions, mais aussi des diverses communautés religieuses et ethniques.
Le Caire au coeur des contradictions régionales
On n’est pas sûr de comprendre quel jeu joue Morsi, mais il est certainement serré !
Et ce mardi se tient au Caire, plus précisément au « club diplomatique » du ministère égyptien des Affaires étrangères, la réunion du « quartette des pays islamistes » sur la Syrie, une idée du président Mohamed Morsi. L’intérêt et la nouveauté de cette réunion étant qu’à côté de pays hostiles à Damas comme l’Arabie séoudite et la Turquie, ou pas très favorable comme l’Égypte, on trouve l’Iran, principal soutien régional de Damas, et avec qui Morsi semble vouloir opérer un rapprochement.
Le jeu de Mohamed Morsi, qui a fait ces derniers temps plusieurs déclarations très hostiles à Bachar, est difficile à saisir. Peut-être est-il serré : celui qui est l’élu des Frères musulmans, et dont le pays est sous perfusion financière des Américains, peut difficilement passer dans le camp des alliés de Damas. Pour autant, son rapprochement diplomatique avec Téhéran est quand même historique, et fait sens alors que la tension entre l’Iran d’une part, et les Américains, les Européens, le Golfe et Israël d’autre part est toujours très vive. En se rendant au récent sommet des non alignés de Téhéran, puis en invitant l’Iran à son quartette, Morsi a franchi une « ligne rouge » aux yeux de Washington. L’a-t-il fait après avoir donné justement des assurances à Miss Clinton ? C’est bien possible mais, dialectiquement, le président égyptien a quand même grandement contribué à sortir l’Iran de son isolement, notamment vis-à-vis monde arabe. Autre signal intéressant de ce mini-sommet du Caire : le Qatar n’a pas été invité. Certes, là encore, les Séoudiens représentent de fait l’émirat, mais en diplomatie, les symboles sont importants.
Un autre acteur important de la crise syrienne se trouve ce mardi au Caire : le nouvel émissaire de l’ONU Lakhdar Brahimi, ex-ministre algérien des Affaires étrangères. Qui a déjà reçu le soutien unanime du quartette pour sa mission qu’il qualifiée de « très difficile » (la réactivation du plan Annan) et qui doit le conduire à Damas. Le site d’information Russia Today cite l’analyse de Dubaï Mohamad, rédacteur en chef du site Syrian Tribune (hostile à l’opposition radicale, sinon favorable au gouvernement) selon laquelle la seule chance d’une ébauche de succès pour Brahimi serait qu’il convainque les pays soutenant la rébellion en armes et en financements d’arrêter leur appui. Mais même Dubaï Mohamad doute de cette possibilité.
Aux confins du spirituel et du diplomatique, Monseigneur Grégoire III Lahham, « archevêque d’Antioche, de tout l’Orient, d’Alexandre et d’a-Qods (Jérusalem) », et donc chef spirituel de l’Église grecque catholique « melkite », a lancé un appel au pape Benoît XVI, attendu en visite vendredi au Liban, ainsi qu’à tous les monarques et chef d’État de la région « de bonne foi« , pour que tous soutiennent le dialogue et la réconciliation en Syrie. Mgr Grégoire III a indique qu’un processus de réconciliation était déjà en cours sur le terrain, sans doute une allusion aux efforts déployés par le nouveau ministre de la Réconciliation nationale Ali Haidar, mais aussi aux contacts entre chefs de tribus et certaines personnalités locales influentes.
L’archevêque s’est dit prêt à sacrifier sa vie, ou au moins à la risquer en effectuant des tournées à travers le pays pour porter la bonne parole. Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté….
InfoSyrie