Les services secrets britanniques ont travaillé avec le régime du colonel Kadhafi, allant jusqu'à trahir des dissidents réfugiés au Royaume-Uni, selon de nouvelles révélations dans la presse que le gouvernement a affirmé, dimanche 22 avril, "prendre au sérieux". "Nous ne connaissons pas les détails de l'affaire, mais nous prenons ce type d'accusation au sérieux", a indiqué un porte-parole du ministère de l'intérieur.
"La Commission (parlementaire) sur les services secrets et la sécurité enquête déjà sur la relation entre le gouvernement et la Libye et prendra en compte les allégations" publiées dimanche par deux journaux, le Mail on Sunday et le Sunday Telegraph, a ajouté le porte-parole. Les quotidiens disent avoir eu accès à des documents retrouvés en Libye après la chute du colonel Kadhafi l'an dernier.
Le gouvernement travailliste de l'époque est déjà au centre d'une polémique sur l'enlèvement par la CIA d'opposants livrés au régime libyen. La semaine dernière, les avocats de deux opposants libyens ont annoncé poursuivre en justice l'ancien ministre des affaires étrangères, Jack Straw. Abdelhakim Belhaj, ancien djihadiste devenu commandant militaire de Tripoli après la chute de Kadhafi, et Sami Al-Saadi accusent l'ancien ministre de Tony Blair d'avoir autorisé en 2004 les services secrets britanniques à donner à la CIA les informations permettant de les livrer au régime Kadhafi, qui les a ensuite torturés.
Selon le Mail on Sunday, les services secrets intérieurs (MI5) auraient trahi des opposants au colonel Kadhafi réfugiés au Royaume-Uni et auraient procuré à des agents libyens une résidence luxueuse au coeur de Londres, ainsi que des téléphones mobiles sécurisés. Les documents auxquels le Mail on Sunday dit avoir eu accès datent de 2006, alors que le premier ministre travailliste Tony Blair et son ministre des affaires étrangères Jack Straw avaient amorcé depuis deux ans un rapprochement avec la Libye du colonel Kadhafi.