Le Jihâd est l’un des aspects les plus mal compris et les plus déformés de l’Islam.
Le terrorisme n'a pas de religion
Le Jihâd : sa vraie signification et son but
islamophile.org , 15 Oct 2011 - 11:49
Le Jihâd est l’un des aspects les plus mal compris et les plus déformés de l’Islam.
Question
Chers savants, paix sur vous. A la lumière de ce qui se passe aujourd’hui, à savoir la guerre dite contre le terrorisme, je pense qu’il vous incombe, en tant que savants, d’écrire quelque chose pour clarifier le concept de Jihâd en Islam, c’est-à-dire la manière dont l’Islam traite cette question, et ce, afin que les non-Musulmans comprennent la différence entre le Jihâd et le terrorisme. Que Dieu vous récompense.
Réponse du Docteur Muzammil Siddîqî, Ancien Président de la Société Islamique d’Amérique du Nord.
Dieu dit : « Et luttez pour Dieu avec tout l’effort qu’Il mérite. C’est Lui qui vous a élus ; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés ‹Musulmans› avant (ce Livre) et dans ce (Livre), afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la prière, acquittez l’aumône légale et attachez-vous fortement à Dieu. C’est Lui votre Maître. Et quel Excellent Maître ! Et quel Excellent Soutien ! » (Sourate 22, le Pèlerinage, Al-Hajj, verset 78).
Le Jihâd est l’un des aspects les plus mal compris et les plus déformés de l’Islam. Il existe certains Musulmans qui exploitent ce concept et qui en font un mauvais usage afin de parvenir à leurs fins politiques. Il y a beaucoup de non-Musulmans qui comprennent mal cette notion. D’autres non-Musulmans en donnent une interprétation déformée afin de discréditer l’Islam et les Musulmans.
Qu’est-ce que le Jihâd ?
Le mot « Jihâd » ne signifie pas « guerre sainte ». Il désigne la lutte et l’effort. Les mots utilisés pour la guerre dans le Coran sont « Harb » et « Qitâl ». Le Jihâd quant à lui désigne la lutte sérieuse et sincère aussi bien au niveau individuel qu’au niveau social. C’est la lutte pour accomplir le bien et éradiquer l’injustice, l’oppression et le mal dans son ensemble de la société. Cette lutte doit être aussi bien spirituelle que sociale, économique et politique. Le Jihâd consiste à œuvrer de son mieux pour accomplir le bien. Dans le Coran, ce mot est employé sous ses différentes formes à 33 reprises. Il est souvent associé à d’autres concepts coraniques tels que la foi, le repentir, les actions droites et l’émigration (Hégire) [2].
Le Jihâd consiste à protéger la foi de l’individu et ses droits. Le Jihâd n’est pas toujours une guerre bien qu’il puisse parfois prendre cette forme. L’Islam est la religion de la paix mais cela ne signifie pas qu’il accepte l’oppression. L’Islam enseigne que l’on doive faire tout notre possible afin d’éliminer les tensions et les conflits. L’Islam promeut les moyens pacifiques pour mener au changement et à la réforme. En réalité, l’Islam insiste sur le fait que l’on doit s’efforcer d’éliminer le mal par des moyens pacifiques sans avoir recours à la force autant que faire se peut. Au cours de l’histoire de l’Islam, depuis le Prophète - paix et bénédiction sur lui - jusqu’à aujourd’hui, les Musulmans ont, le plus souvent, résisté à l’oppression et ont lutté pour la liberté par des moyens pacifiques et non-violents.
L’Islam enseigne également une éthique convenable en cas de guerre. La guerre est permise en Islam, mais uniquement lorsque les autres moyens pacifiques comme le dialogue, les négociations et les traités échouent. La guerre est le dernier recours et doit être évitée le plus possible. Son but n’est pas de convertir les gens par la force, ni de coloniser les peuples, ni d’acquérir des terres, des richesses ou une gloire quelconque. Son but fondamental est la défense des personnes, des biens, de la terre, de l’honneur et de la liberté, aussi bien pour soi-même que pour les autres peuples qui souffrent de l’injustice et de l’oppression.
Les règles essentielles de la guerre en Islam
Ces règles sont les suivantes :
1. Être suffisamment fort pour que l’ennemi vous craigne et ne vous attaque pas.
2. Ne pas commencer les hostilités. Œuvrer le plus possible pour la paix.
3. Combattre uniquement ceux qui combattent : pas de punition collective. Aucun mal ne doit atteindre les non-combattants. Les armes de destruction massive ne doivent pas être utilisées.
4. Cesser les hostilités aussitôt que la partie adverse est encline à la paix.
5. Observer les traités et les accords aussi longtemps que l’ennemi les observe.
Dieu dit explicitement : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez point. Certes, Dieu n’aime pas les transgresseurs ! [...] Le Mois sacré pour le mois sacré ! - Le talion s’applique à toutes choses sacrées. Donc, quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression égale. Et craignez Dieu. Et sachez que Dieu est avec les pieux. » (Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, versets 190 et 194).
Le Jihâd n’est pas du terrorisme
Il est nécessaire d’attirer l’attention sur le fait que le terrorisme contre des civils innocents, que ce soit par une agression classique ou par des moyens suicidaires, n’est en aucun cas permis par l’Islam. L’Islam encourage les peuples opprimés à lutter pour leur liberté, et il ordonne aux autres Musulmans d’aider ceux qui sont opprimés et qui souffrent. Cependant, l’Islam n’autorise, pour quelque raison que ce soit, le terrorisme contre les non-combattants et les gens innocents. Le terrorisme n’est pas le Jihâd : c’est du fasâd (de la corruption). Le terrorisme est en contradiction avec les enseignements de l’Islam. Il y a des gens qui utilisent des arguments pervertis pour justifier le terrorisme qu’ils emploient pour leur cause. Mais cela n’admet aucune justification. Dieu dit : « Et quand on leur dit : ‹Ne semez pas la corruption sur la terre›, ils disent : ‹Au contraire nous ne sommes que des réformateurs !› Certes, ce sont eux les véritables corrupteurs, mais ils ne s’en rendent pas compte. » (Sourate 2 intitulée la Vache, Al-Baqarah, versets 11 et 12).
L’Islam veut établir un ordre mondial dans lequel tous les êtres humains - Musulmans et non-Musulmans - peuvent vivre dans la justice, la paix, l’harmonie et la confiance. Il offre à ses fidèles des directives précises pour qu’ils trouvent la paix dans leur vie individuelle et sociale, mais il leur dit également comment étendre cette confiance aux autres nations sur la base de relations humaines envers autrui. Les Musulmans œuvrent sous ces principes depuis des siècles. Des gens de toutes confessions ont vécu avec eux et parmi eux. Les sociétés islamiques étaient alors connues pour leur tolérance, leur générosité et leur humanité.
Nos sociétés modernes s’inscrivent dans un village planétaire, où les non-Musulmans vivent avec des Musulmans dans des pays musulmans, et où des Musulmans vivent avec des non-Musulmans dans des pays où les non-Musulmans sont majoritaires. Il est alors de notre devoir d’amener une meilleure compréhension mutuelle entre nous ; il est de notre devoir d’œuvrer pour la paix et la justice pour tous les peuples ; il est de notre devoir de coopérer les uns avec les autres pour parvenir au bien et ce, afin de faire cesser toute forme de terrorisme, d’agression et de violence contre les innocents. C’est cela notre Jihâd aujourd’hui.
Et Dieu est le plus Savant.
P.-S.
Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net
Notes
[1] Dr Muzammil Siddîqî est l’ancien Président de la Société Islamique d’Amérique du Nord.
[2] L’émigration vers un lieu paisible pour fuir la persécution, à l’instar du Prophète et de ses compagnons qui quittèrent la Mecque, leur terre natale, après treize années d’endurance face à la torture et à la persécution.
Code d'article: 67128