La porte-parole du parquet, Agnès Thibault-Lecuivre, a précisé à Sipa que l'enquête cherchera notamment à savoir comment cette manifestation illégale avait pu être organisée. Selon la police, un appel à se réunir samedi à 15h à proximité de l'ambassade avait circulé sur certains réseaux sociaux. Un appel similaire lancé la veille, vendredi, n'aurait pas été suivi d'effet.
L'enquête préliminaire a été confiée à la brigade criminelle.
Non autorisée et "non tolérée", cette manifestation aux abords de l'ambassade des Etats-Unis s'est soldée samedi par l'interpellation de plus de 150 personnes, qui ont été remises en liberté après un contrôle d'identité, à l'exception d'une seule -un mineur- qui a été placée en garde à vue pour "violences sur agent de la force publique", a précisé dimanche la préfecture de police. Six policiers avaient été légèrement blessés lors des échauffourées. Ce mineur a finalement été remis en liberté sans que des poursuites soient engagées, a-t-on indiqué de source judiciaire.
"Aucune dégradation n'a été commise" et "à aucun moment l'ambassade des Etats-Unis n'a été sous la pression d'un quelconque manifestant et force est restée à la loi", a assuré dans un communiqué le préfet de police Bernard Boucault en réponse aux critiques attribuées à l'ancien Premier ministre François Fillon, ajoutant que "ceux qui ont appelé à cette manifestation non déclarée, donc illégale, devront en répondre devant la justice".
Les propos de François Fillon "ne servent (...) qu'à alimenter une polémique inutile au moment où un esprit de rassemblement devrait s'imposer au sein de notre nation. Ils semblent bien plus répondre à des impératifs partisans qu'à un réel souci de défense de nos institutions", a dénoncé en soirée le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Dans un communiqué, il rappelle que le conseil des ministres examinera fin septembre un projet de loi visant à lutter contre le terrorisme.
Interrogé sur ces critiques, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici s'est dit très en colère. "Monsieur Fillon, là non, ça ne va pas! Il faut revenir à la dignité, il faut de la décence", a-t-il lancé lors du "Grand Jury" RTL/LCI/le Figaro en rappelant que le PS, lui, n'avait pas exploité l'affaire Merah.
"Cette manifestation est inacceptable et moi je ne permettrai pas que des femmes voilées entièrement, que des prières de rue, que des slogans hostiles à des pays alliés à nos valeurs puissent se faire entendre dans nos rues", avait déclaré un peu plus tôt M. Valls sur France-2.
"Tout appel à la haine doit être combattu avec la plus grande fermeté", a-t-il dit. "Nous ne pouvons tolérer (....) que dans notre société même il y en a qui profitent de ce type d'événement pour s'en prendre à la concorde nationale, au vivre ensemble de notre société".