"La coexistence au Liban, un exemple pour la région"
APT-Beyrouth
La visite du Pape Benoit XVI au Liban appuie le concept de la coexistence entre chrétiens et musulman dans ce pays d’une part et envoi un message significatif au réalisateur du film diffamatoire qui a porté atteinte à l’islam que l’objectif souhaité de semer la sédition entre chrétiens et musulmans ne sera pas atteint.
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Benoît XVI est arrivé vendredi 14 à Beyrouth pour une visite de trois jours. L'avion du pape s'est posé à l'heure prévue, 13h45 à l’aéroport international de Beyrouth. Les cloches des églises du pays entier ont retenti en hommage au chef de l'Eglise catholique, qui a été également salué par 21 salves de canons. Le pape, 85 ans, a été accueilli au pied de l'avion par le président de la République, Michel Sleiman, le chef du parlement, Nabih Berry, le Premier ministre Nagib Mikati, ainsi que par le patriarche maronite Mgr Béchara Raï. Plusieurs responsables et personnalités religieuses de différentes communautés libanaises ont été également présents à son accueil.
Lors d’un discours prononcé sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth, le pape Benoît XVI a vanté la coexistence entre les différentes communautés libanaises. « L'heureuse convivialité, toute libanaise, doit démontrer à l'ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu'à l'intérieur d'une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Eglises (...) et dans le même temps, la convivialité et le dialogue religieux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions », a-t-il affirmé. « Cet équilibre, qui est présent partout comme un exemple, est extrêmement délicat », a-t-il précisé. « Cette convivialité
dont désire témoigner votre pays ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l'autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères ». « Je n'oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligé votre beau pays pendant de longues années », a indiqué Benoît XVI, en référence à la guerre civile qui a secoué le pays méditerranéen de 1975 à 1990.
Par ailleurs le Pape a affirmé que « la signature dans l'après-midi de l’Exhortation apostolique du synode de 2010 sur le Moyen-Orient est un événement important pour la région ».
Crise syrienne Le pape a évoqué la crise syrienne, appelant à mettre fin aux livraisons d'armes en Syrie où un conflit armé, opposant le régime à des groupes rebelles terroristes « L'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer », a-t-il déclaré aux journalistes dans l'avion.
Ajoutant « Au lieu d'importer des armes, qui est un pêché grave, il conviendrait d'importer des idées de paix, de créativité, d'amour du prochain ».
Tout en demandant aux hommes politiques de « s'engager réellement avec toutes leurs forces (...) avec créativité, pour la paix, contre la violence », le pape a proposé « des gestes visibles de solidarité comme des journées de prière pour les chrétiens et les musulmans ».
« Comme la situation devient plus compliquée, il est encore plus nécessaire de donner ce signe de fraternité, d'encouragement, de solidarité. C'est le sens de mon voyage: inviter au dialogue contre la violence, aller ensemble pour trouver une solution au problème », a-t-il dit.
Le message de Benoît XVI à la jeunesse syrienne lors d’une rencontre samedi avec 15 000bjeunes chrétiens rassemblés autour du siège du patriarcat maronite, Benoît XVI a eu une petite phrase pour saluer le courage des jeunes syriens – dont une délégation était présente – ajoutant que le Pape ne les oubliait pas. Naturellement, même si cette citation n’est pas trop commentée, les médias du Système aimeraient laisser entendre qu’elle est plus ou moins dirigée contre la répression gouvernementale. Mais, à l’évidence, sachant ce qu’il sait de ce qu’endurent les Syriens, et notamment les chrétiens, Benoît XVI ne condamne que les violences et l’intolérance – dont il est bien placé pour savoir d’où elle vient. Le Saint Père a d’ailleurs eu ce cri, qui va bien au-delà du cas syrien : « Il est temps que musulmans et chrétiens s’unissent pour mettre fin aux violences et à la guerre« .
Ce voeu – qui risque hélas de rester « pieux » – résume la ligne politique du Pape, et les prières qu’il fait pour la Syrie sont bien la seule « ingérence » qu’il s’autorise dans les affaires de ce pays, un des derniers protecteurs de la chrétienté orientale, et dont la chute aurait des conséquences aussi tragiques qu’immédiates sur les chrétiens du Liban.
« Printemps arabe » Le pape a par ailleurs estimé que « le Printemps arabe est une chose positive, un désir de démocratie, de liberté, de coopération, d'une identité arabe rénovée ». Pour Benoît XVI, « le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion. La tâche de l'église et des religions est de se purifier. Cette tâche doit rendre clair que chaque homme est une image de Dieu que nous devons respecter dans l'autre ». La visite du pape intervient également au moment où un film israélo-américain anti-islam a déclenché une vague de manifestations dans plusieurs capitales de la région. Outre la question syrienne, les propos du pape sont très attendus sur le dialogue avec l'islam, la démocratie, mais aussi le conflit israélo-palestinien.
S'exprimant avant le pape, le président libanais Michel Sleiman a rappelé, dans son discours de bienvenue, que « le Vatican et le Liban entretiennent des relations très étroites ». Le chef de l’Etat a indiqué que la visite du pape soulignait « l’importance du rôle du Liban dans la région » et espéré qu’elle aura des « répercussions bénéfiques sur le pays du Cèdre et les chrétiens de la région ».
Le Pape a quitté Beyrouth dimanche 16septembre vers 19:30 après une visite extrêmement importante pour consolider les liens entre les libanais d'une part et les arabes de différentes communautés religieuses d'autre part.