Dans un long entretien au magazine "Esquire" réalisé sous le couvert de l'anonymat pour préserver son devoir de réserve et la sécurité de sa famille, ce commando d'élite de la désormais fameuse Team 6 des Navy Seals, présenté comme "le tireur", raconte le raid mené en plein coeur du Pakistan mais aussi une situation personnelle surprenante.
A 35 ans, après 16 ans dans la Marine qu'il a rejointe à 19 ans à la suite d'une déception sentimentale, il se retrouve aujourd'hui sans retraite ni assurance-maladie parce qu'il n'a pas passé les 20 ans nécessaires sous les drapeaux pour bénéficier d'une protection sociale à vie. Père de famille, il vit toujours avec sa femme, dont il est pourtant séparé.
Selon ats, ce vétéran aux multiples déploiements, qui a longtemps passé plus de 300 jours par an en mission et tué à lui seul une trentaine d'"ennemis combattants" selon la terminologie officielle, a quitté l'armée à l'été 2012 et est maintenant consultant, payé à la pige.
Le moment-clé de la mission d'une vie est décrit avec précision et sobriété. Quand il entre dans la chambre de Ben Laden, tout va très vite: "C'était comme un instantané d'une cible d'entraînement. C'est lui, sans aucun doute. (...) C'est automatique, la mémoire musculaire. C'est lui, boum, c'est fait".
Il est le premier à entrer dans la pièce du troisième étage de la résidence. Le chef d'al-Qaïda est dans le noir, ne voit rien, tandis que lui est équipé de lunettes de vision nocturne.
"Il y avait Ben Laden là, debout. Il avait ses mains sur les épaules d'une femme, la poussant devant, pas exactement vers moi mais dans la direction du vacarme du couloir. C'était sa plus jeune femme, Amal". Il tire deux balles, puis une autre, dans la tête de l'homme le plus recherché au monde.