L'effervescence diplomatique autour du nucléaire iranien reprend de plus belle jeudi, entre Vienne, où la plupart des ministres se retrouvent une nouvelle fois, et Téhéran, où le chef de l'Agence internationale de l'Energie atomique doit rencontrer le président iranien.
Cette intensification des tractations intervient alors que les négociateurs se sont donné jusqu'au 7 juillet pour parvenir à un accord, une date qui n'est cependant pas gravée dans le marbre (la conclusion des négociations, accord ou pas, peut intervenir avant ou après le 7, soulignent les protagonistes).
A Vienne, tous les chefs de la diplomatie impliqués dans les pourparlers, à l'exception du Russe Sergueï Lavrov reparti mardi soir, se retrouveront une nouvelle fois pour faire le point.
Depuis la reprise formelle des négociations vendredi dernier, les ministres du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) et de l'Iran font des allers et retours dans la capitale autrichienne. Seul le secrétaire d'Etat américain John Kerry est resté sur place depuis une semaine.
Mercredi, M. Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, les deux principaux acteurs dans ce dossier, ont répété chacun, dans des termes quasiment identiques, le leitmotiv qui rythme les pourparlers depuis 20 mois: "progrès", mais toujours des "questions très difficiles" à résoudre.
Les grandes puissances veulent placer le programme nucléaire iranien sous contrôle étroit en échange d'une levée des sanctions internationales.
- Amano à Téhéran -
Signe que les choses s'accélèrent, le chef de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), Yukiya Amano, s'est envolé mercredi pour Téhéran, où il doit rencontrer le président Hassan Rohani et d'autres hauts responsables iraniens.
L'AIEA, agence onusienne, est appelée à jouer un rôle majeur en cas d'accord entre l'Iran et les grandes puissances, puisqu'elle devra vérifier le respect des engagements pris par Téhéran. L'agence, qui déploie en moyenne quatre à dix inspecteurs quotidiennement en Iran, a déjà accès aux sites nucléaires. Mais les grandes puissances veulent pouvoir renforcer et élargir le périmètre de ses inspections.
Le voyage de M. Amano se fait à l'invitation de Téhéran, qui veut aborder la question épineuse de la PMD (possible dimension militaire) du programme nucléaire iranien. "Si les Iraniens l'ont invité, on peut imaginer qu'ils ont quelque chose à dire", souligne une source diplomatique occidentale.
- Pas d'accord à tout prix -
Les pays du P5+1 sont engagés depuis 20 mois dans d'intenses tractations pour arracher un compromis historique sur ce contentieux vieux de plus de 10 ans.
L'accord, "à portée de main" selon le Russe Sergueï Lavrov, reste encore introuvable en raison du côté extrêmement technique et complexe du dossier, mais aussi du fait de ses potentielles répercussions internationales. Il pourrait consacrer un rapprochement entre les ennemis de 35 ans Etats-Unis et Iran, et marquer un renforcement de la position de la République islamique sur les scènes régionale et internationale, à la grande inquiétude des régimes monarchiques de la région et d'Israël.