Avant le rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran en août 2018, les murmures laissaient croire que l’Égypte achèterait le pétrole iranien et voici que les dernières évolutions sont porteuses d’un message du gouvernement égyptien à l’Iran, souligne le chercheur en énumérant les actes du Caire illustrant son propos.
Vient en premier lieu, l’agence de presse officielle de l’Égypte qui a évité de citer le nom de l’Iran lors de l’annonce de la condamnation d’une bande d’espionnage, le remplaçant par « l’espionnage pour un pays étranger ». Une politique suivie par tous les médias égyptiens.
Les propos de l’amiral Mohab Mamish, président du canal de Suez, sont, pour le chercheur, une autre preuve que Le Caire pense à réviser ses relations avec l’Iran. Selon Mamish, l’Égypte n’a pas empêché la traversée du pétrolier iranien à destination de la Syrie, soulignant la légitimité du commerce du pétrole et de l’arme et affirmant que tout navire peut traverser le canal de Suez en toute liberté sauf s’il porte le drapeau d’un pays en guerre avec l’Égypte.
Vient en troisième lieu, la prise d’assaut des forces sécuritaires égyptiennes contre le siège de la chaîne de télévision par satellite appartenant à l’"Al-Ahwaziya", une milice armée financée par l’Arabie saoudite pour s’en prendre à la République islamique.
Finalement, le nombre d’autorités égyptiennes qui font part de l’établissement d’une voie de communication avec Téhéran, mais aussi des contacts entre les deux parties notamment suite aux derniers incidents dans la région, constitue une preuve importante dans évolutions des relations Téhéran-Le Caire. Le web site Al-Araby Al-Jadeed va jusqu’à faire état des visites des responsables iraniens effectuées au Caire et de leurs rencontres avec les autorités des services de renseignement égyptiens.
Le chercheur explique que les relations mystérieuses entre Téhéran et Le Caire doivent vite bousculer au profit de la région. D’autant que l’Égypte, en tant qu’un grand pays arabe, ne se soumettra jamais aux desiderata saoudiens et émiratis.
L’Égypte a eu raison de ne pas s'être engagée en Libye. Par contre, il a eu tort de suivre les États du golfe Persique en particulier lors du sommet de Bahreïn au sujet du plan américain du Deal du siècle, a jugé le chercheur en évoquant les échecs qu’ont cumulés l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans tous les dossiers régionaux depuis la Syrie jusqu’au Yémen.
L’Égypte doit réviser ses positions internationales et revenir sur ses approches sans intérêts au niveau régional. Le pays devrait également renoncer au blocus contre le Qatar qui après deux années semble devenir plus puissant et confiant, ayant donné une leçon cuisante aux quatre États qui lui ont imposé le siège. La poursuite de cette politique ne va pas dans l’intérêt de la nation égyptienne ni de son gouvernement, sans oublier les 300 000 ouvriers égyptiens qui résident au Qatar et qui ne peuvent plus retourner chez eux.
Pour quelles raisons l’Égypte entretient, malgré les hostilités, de solides relations commerciales avec la Turquie, mais pas avec un pays à la taille de l’Iran et son économie, s'interroge le chercheur pour exhorter le gouvernement égyptien à mette fin à une situation qui est devenue intenable et inaudible après quarante ans, concluant que de grands et influents pays comme l’Égypte et l’Iran ne doivent pas nuire ainsi aux intérêts des nations de la région.