Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a déclaré aux journalistes, lundi 5 août, que toute coopération de l'Australie dans une mission dirigée par les États-Unis dans le détroit d'Hormuz dépendrait des détails de la mission et de la taille de la coalition internationale.
Les propos du Premier ministre Morrison sont intervenus après que le secrétaire d’État américain ait demandé l’aide de Canberra pour « sécuriser les voies de navigation dans le détroit d’Hormuz ».
Le secrétaire d’État Mike Pompeo et le chef du Pentagone Mark Esper ont rencontré dimanche à Sydney leurs homologues australiens, respectivement Marise Payne et Linda Reynolds, dans l’intention de demander à Canberra son engagement dans le détroit d’Hormuz aux côtés de Washington.
M. Morrison a également réfuté les arguments avancés par l’ancien chef de la diplomatie australienne Bob Carr et d'autres selon lesquels toute coalition internationale entraînerait un conflit militaire direct et à grande échelle entre les États-Unis et l'Iran.
« Je pense exactement le contraire. Il est très important de séparer cette initiative des questions plus vastes dont les nombreuses tensions liées à l’Iran sur d’autres sujets, en particulier sur la prolifération nucléaire », a-t-il déclaré.
M. Carr a déclaré à The Australian que toute mission de protection du transport maritime ne pouvait être séparée des autres points de conflit entre l'administration Trump et l’Iran.
« Tandis que certains membres de l’administration américaine parlent de liberté de navigation, d’autres travaillent avec acharnement dans les coulisses pour transformer cette situation en une nouvelle guerre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré avant d’ajouter :
« Il est préoccupant que l’une de ces personnes soit John Bolton, le conseiller du président pour la sécurité nationale ».
L’ancien ministre australien des Affaires étrangères a noté que le meilleur conseil pour les ministres australiens est de s’attacher de près à la position de leurs partenaires européens, plutôt qu’aux alarmes américaines.
M. Carr - Julia Gillard et le ministre des Affaires étrangères de Kevin Rudd - a également averti M. Morrison que la participation à une action militaire menée par les États-Unis dans le détroit d’Hormuz pourrait avoir un coût politique.
« L'opinion publique australienne s'opposerait fortement à une nouvelle guerre menée par les États-Unis dans la région », a déclaré M. Carr à The Australian.
Les États-Unis ont lancé l'idée d'une coalition maritime en juin, après des attaques contre plusieurs navires dans la région du golfe Persique imputée par les États-Unis à l'Iran qui les a démenties. Les Européens ont décliné l'offre, ne voulant pas s'associer à la politique de "pression maximale" sur l'Iran du président américain Donald Trump.
Canberra rejette également la demande US de déploiement de missiles sur son sol
L’Australie a estimé ce lundi que l’idée d’accueillir sur son sol des missiles américains n’était plus à l’ordre du jour, après des pourparlers avec les responsables des Affaires étrangères et de la Défense des États-Unis.
« Cela ne nous a pas été demandé, n’a pas été envisagé, ne nous a pas été proposé », a assuré le Premier ministre Scott Morrison, quelques heures après le départ de Sydney du nouveau chef du Pentagone, Mark Esper, et du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
Par ailleurs, la ministre australienne de la Défense Linda Reynolds a confirmé que la demande des États-Unis était sérieuse et complexe. Ajoutant : « c’est pourquoi nous examinons cette demande avec sérieux. En fin de compte, nous déciderons, comme toujours, de ce qui est dans notre intérêt souverain ».
Mark Esper, a prévenu avant d’arriver samedi à Sydney pour une tournée d’une semaine dans la région, que Washington souhaitait déployer rapidement en Asie de nouvelles armes conventionnelles de portée intermédiaire, maintenant qu’il n’est plus lié par le traité FNI dont il s’est retiré vendredi 2 août.