L’annonce a été faite vendredi par la secrétaire d’Etat adjointe américaine Barbara Leaf.
Cela intervient après qu’une délégation américaine se soit rendue dans la capitale syrienne pour rencontrer les responsables du HTS, dont son chef Ahmed Al-Sharaa, connu auparavant sous le nom d’Abou Mohammed al-Jolani, au sujet de son implication avec Al-Qaïda. Il a été désigné terroriste par les Etats-Unis en 2017.
La diplomate américaine a déclaré qu’ils avaient reçu, selon ses propres termes, des messages positifs lors des discussions à Damas, selon Press TV.
Lors d’une conférence de presse, Leaf a déclaré à Sharaa qu’il était « essentiel de veiller à ce que les groupes terroristes ne puissent pas constituer une menace à l’intérieur de la Syrie ou à l’extérieur, y compris pour les Etats-Unis et nos partenaires dans la région ».
« Sur la base de notre discussion, je lui ai dit que nous ne donnerions pas suite à l’offre de récompenses pour la justice », a-t-elle déclaré.
Leaf, qui dirigeait la première visite officielle de diplomates américains à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad, a qualifié Sharaa de dirigeant « pragmatique ».
Elle a qualifié leur réunion de « plutôt bonne, très productive, détaillée ».
« Nous avons accueilli favorablement les messages positifs » d’Al-Sharaa depuis que ses rebelles HTS ont renversé Bachar al-Assad, a-t-elle déclaré. « Nous chercherons des progrès sur ces principes et ces actions, pas seulement des mots ».
HTS reste sur la liste noire du terrorisme de Washington. Leaf n’a pas commenté cette désignation mais a déclaré qu’après ses discussions avec Al-Sharaa, « c’est un peu incohérent, alors, de mettre une prime sur la tête de ce type ».
Il s’agit de la première mission diplomatique officielle américaine à Damas depuis 2011, lorsque des terroristes takfiri du monde entier se sont infiltrés en Syrie et ont déclenché une guerre brutale contre le pays.
Cette période a vu les États-Unis intensifier leurs sanctions contre la Syrie, ce qui a abouti à l’éviction du président Bachar al-Assad ce mois-ci.
Les États-Unis ont fermé leur propre ambassade à Damas en février 2012, la République tchèque représentant les intérêts américains dans le pays.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, les États-Unis ont déclaré qu’ils seraient prêts à reconnaître le nouveau gouvernement syrien si certaines conditions étaient remplies.
On a beaucoup parlé de la position de Jolani – ou de son absence – à l’égard d’Israël, qui a bombardé plus de 500 cibles en Syrie depuis l’éviction d’Assad. Israël a également procédé à de nouvelles saisies de terres en Syrie, notamment dans ce qu’il appelle sa « zone tampon » sur les hauteurs du Golan, que le régime occupe illégalement en vertu du droit international.
Tout au long de l’intensification de l’agression israélienne, HTS et d’autres groupes takfiri sont restés les bras croisés.
Selon les observateurs, le fait que Jolani ait déclaré au Times que la Syrie ne menacerait pas Israël pourrait bien être une tentative d'obtenir la reconnaissance de l'Occident, en particulier des États-Unis, ce qui a conduit aux décisions prises actuellement à Washington.
Sharaa a rencontré lundi l'envoyé de l'ONU pour la Syrie, Geir Pederson, et un jour plus tard une délégation allemande. Les diplomates français sont retournés à leur ambassade à Damas, hissant le drapeau tricolore pour la première fois depuis 2012.
En 2020, l'UE a accusé HTS d'avoir illégalement détenu, torturé et assassiné des civils vivant dans des zones sous le contrôle du groupe et a déclaré que cela pourrait constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité.