Les élections législatives débutent lundi en Egypte, première grande étape de la transition démocratique depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier
Egypte
Premier scrutin de l'après-Moubarak
Agence de presse TAGHRIB (APT)
28 Nov 2011 - 12:15
Les élections législatives débutent lundi en Egypte, première grande étape de la transition démocratique depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier
Au contexte alors euphorique du soulèvement populaire a succédé la défiance à l'égard des généraux au pouvoir, dont des milliers de manifestants réclament le départ depuis plus d'une semaine.
Près de dix mois après la révolution qui a mis fin aux trente années du règne sans partage de Moubarak, le changement politique tarde à se concrétiser, malgré la promesse des militaires d'assurer la transition vers un régime civil.
La frustration a éclaté ces jours derniers lors des rassemblements place Tahrir, haut-lieu de la révolution dans le centre du Caire. La contestation a basculé dans la violence, faisant ۴۲ morts.
Sous la pression du peuple, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis le renversement de Moubarak, a accepté d'accélérer le transfert du pouvoir aux civils, promis d'ici juillet, en organisant l'élection présidentielle avant la fin juin.
Les élections législatives, dont la première phase est étalée jusqu'à mardi, ont été maintenues malgré les troubles.
Les Frères musulmans et d'autres partis islamistes, qui abordent le scrutin avec de fortes espérances, se sont tenus à l'écart des manifestations.
Il est difficile de savoir si l'électorat les sanctionnera pour cette raison ou si l'organisation et la discipline des Frères musulmans permettront à leur parti nouvellement formé, Liberté et Justice, de triompher sur la myriade de groupes et de candidats indépendants qui se présentent.
TROIS PHASES
Compte tenu de la complexité du processus électoral, du nombre de partis apparus depuis la chute de Moubarak et du caractère novateur de ces élections dans un pays où les scrutins étaient jusque-là verrouillés, tout pronostic est particulièrement audacieux.
Selon Reuters, les analystes jugent cependant qu'aucun parti ne sera en mesure d'obtenir une majorité claire.
Ils s'attendent à ce que le camp islamiste totalise un score de l'ordre de ۴۰% des voix et les libéraux un tiers.
L'élection des ۴۹۸ représentants de la chambre basse se déroulera en trois phases étalées sur douze jours qui s'achèveront le ۱۰ janvier.
Ces législatives seront suivies en mars par l'élection de la chambre haute du parlement, elle-même divisée en trois phases.
Les élections libres sont une nouveauté dans le pays où les autorités et les forces de sécurité ont truqué les scrutins pendant des décennies en faveur du Parti national démocratique, le parti pro-Moubarak aujourd'hui dissous.
Le taux de participation des ۵۰ millions d'électeurs inscrits sera un premier indicateur précieux de l'opinion.
"Cela nous dira à quel point les Egyptiens sont investis dans ce processus politique. Si le taux de participation est faible, cela voudra dire qu'il y a une large désaffection parmi les Egyptiens qui ne croient pas qu'un vrai changement soit possible grâce au vote", commente Shadi Hamid, directeur de recherches au Doha Brookings Center.
QUELLES PRÉROGATIVES?
La chambre basse du parlement sera le premier organe élu au niveau national depuis la chute de Moubarak, un fait qui à lui seul pourrait lui permettre d'entamer le monopole du pouvoir des militaires.
Le général Mamdouh Chahine, membre du CSFA, a néanmoins déclaré que la nouvelle assemblée n'aurait pas le pouvoir de destituer un gouvernement nommé par le Conseil.
Mais cette affirmation a été contredite par Kamal Ganzouri, Premier ministre pourtant nommé par l'armée à la tête d'un gouvernement de "salut national" vendredi en remplacement d'Essam Charaf.
Ganzouri, déjà rejeté par les manifestants de Tahrir en raison de son âge - ۷۸ ans - et de son passé d'ancien Premier ministre d'Hosni Moubarak entre ۱۹۹۶ et ۱۹۹۹, n'a pas exclu dimanche soir qu'une majorité parlementaire soit à même de former un nouveau gouvernement.
Les militaires avaient d'abord envisagé qu'une fois élue la chambre haute en mars, le parlement choisirait une assemblée constituante de ۱۰۰ membres chargée d'élaborer une loi fondamentale soumise à référendum, avant la tenue d'une présidentielle.
Ce calendrier, qui aurait permis à l'armée de rester au pouvoir jusqu'à fin ۲۰۱۲ ou début ۲۰۱۳, a été bouleversé par les derniers événements.
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