Suite de l’affaire sur les signes religieux chez les assistantes maternelles. Le rapport voté en catimini le jeudi 19 janvier fait toujours du bruit. Entre islamophobie et violation du droit à la vie privée, Respect mag revient sur une mesure plus qu’ambigüe.
« Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Une certaine logique se met en place en France depuis une vingtaine d'année…l’islamophobie » selon Jamel El Hamri, titulaire d’un master en civilisation musulmane.
Un bref coup d’œil au préambule de la proposition et, oh surprise, voici ce qu’on y trouve : « Le texte vise ainsi à franchir une nouvelle étape dans le renforcement de la laïcité dans notre pays et complète le dispositif législatif juridique qui y concourt, marqué notamment par deux lois adoptées au cours de la dernière décennie :
- la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public ;
- la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 qui encadre le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
Etonnante également l’idée de vouloir légiférer sur un «problème» qui n’est «pas une urgence spéciale» selon l’initiatrice du projet, Madame Laborde. Lors d’une intervention sur Radio Orient, la sénatrice choque. Pas de données chiffrées, seulement des «demandes d’un certain nombre de parents».
Jamel s’insurge: «Je suis choqué. Elle déclare qu'il n'y a pas d'urgence particulière à légiférer. Ensuite, elle ne donne aucune statistiques sur le phénomène. En général, en politique, on interroge les spécialistes des sciences humaines pour faire un rapport avec statistiques à l'appui. Partant de là, on peut avoir une base commune pour valider ou critiquer la proposition. Elle est incapable d’expliquer précisément la nature du problème. […] Les opposants à la laïcité seraient les musulmans comme s’ils n’étaient pas français. On crée un ennemi de l'intérieur et cela divise le peuple. Les politiciens nous font un procès d'intention dans le sens où ils interprètent ou anticipent un éventuel prosélytisme».
Une colère partagée par Nassurdine Haidari, adjoint au maire PS du ۱er secteur de Marseille, qui dénonce «une atteinte déguisée aux droits fondamentaux et à la liberté de culte dans le domaine privé. Ce rapport s’inscrit contre la laïcité. La proposition de loi nous montre que l'islamophobie n'est pas un patrimoine de Droite et qu'elle peut être orchestrée par la Gauche. A quelques mois des présidentielles ce projet est contre productif électoralement. Je suis contre cette loi et j'en appelle aux parlementaires pour ne pas autoriser cette flambée de l'islamophobie ».
Une stigmatisation aux colorations sexistes pour Jamel: «Il y a un fantasme autour des femmes musulmanes. Elles sont la cible des lois votées ces dernières années. Ce ne sont pas les vrais extrémistes qui gênent mais celles qui vont travailler, étudient, investissent le champ public. Elles sont pleinement intégrées et gênent malgré tout. On leur reproche d’être visibles». Entre inquisition et délire paranoïaque, la France de 2012 surfe sur une vilaine vague qui pourrait lui coûter cher. Une pétition appelant au boycott des élections circule depuis l’annonce du rapport. 2000 personnes l’ont déjà signée.
Par: Ludovic Clerima