Journalisme et voile ne feraient pas bon ménage au Maroc en tout cas sur l’antenne de la chaîne 2M. C’est ce qu’a révélé les récentes plaintes de journalistes marocaines ayant subi des pressions parce qu’elles portaient le hijab.

Des journalistes marocaines ont été victimes de discrimination en raison du port du hijab durant l’exercice de leur profession. Cette information largement diffusée par les réseaux sociaux a suscité une vive polémique. Averti de cette affaire, le Ministre de la communication, Mustapha Khalfi, s’est toutefois empressé de condamner cette discrimination religieuse. Le comble tout de même pour un pays dont la religion officielle est l’islam et dont la quasi-totalité de la population est musulmane. 

Selon ajib.fr, Mustapha Khalfi a déclaré qu’ « aucune discrimination et aucun jugement basé sur l’habit d’une journaliste ne doivent être émis implicitement ou explicitement à l’égard de celle-ci dans le milieu du travail ou lors de l’exercice de l’une de ses activités professionnelles ». 

Nadia Lyoubi, dernière journaliste voilée à la TV ? 
La question du voile au sein de la sphère médiatique a pris une réelle ampleur il y a environ trois mois. Le 26 novembre 2011, Nadia Lyoubi annonce en direct, à Rabat, sur la chaîne marocaine publique 2M la victoire du PJD (Parti pour la Justice et le Développement) aux législatives. Une de ses consoeurs apparaît également sur la même chaîne. 

Les journalistes, toutes deux voilées commentent les résultats des élections. Cette première a créée une stupeur pour de nombreux marocains n’ayant encore jamais vu de journalistes voilées sur la chaîne 2M. Depuis, ces apparitions ont provoqué une vague de commentaires fusant de toute part, que ce soit au sein des directions des rédactions marocaines, ou sur les réseaux sociaux, et plus généralement sur la toile. La journaliste Nadia Lyoubi a par la suite totalement disparue de l’écran, ouvrant cependant le débat le voile à la télévision marocaine. 

Certains marocains voient l’apparition de ces femmes voilées comme un message clair de la part de la chaîne publique à tout ceux qui ont voté pour le PJD reconnu pour sa tendance islamiste. Il s’agirait d’un cadeau de la chaîne au parti. Cette situation surprend d’autant plus que la chaîne 2M entretenait des rapports plutôt tendus avec le PJD, ce dernier ayant accusé la chaîne de « diffuser le vice ». De plus, elle ne montrait jamais auparavant des journalistes voilées à l’antenne. C’était donc bel et bien une surprise pour les téléspectateurs. Ce retournement de situation est décrit par certains comme étant la victoire du PJD sur la politique dite libérale de la chaîne marocaine. 

Le port du voile au sein de la sphère médiatique : un vieux combat
La journaliste Nadia Lyoubi a expliqué que son voile n’est pas une lutte personnelle mais un combat qu’elle mène avec d’autres consoeurs. Ces femmes ont été vivement encouragées à porter plainte contre les discriminations dont elles sont victimes. Outre le fait que le Maroc soit officiellement un pays musulman, les internautes estiment, qu’aucun employeur ne devrait dicter la manière de s’habiller quelque que soit le milieu professionnel. Cela va à l’encontre des libertés fondamentales, notamment la liberté de culte, et la liberté d’expression. 

Encore plus surprenant, les journalistes voilées de la presse écrite ne sont pas à l’abri de ces discriminations. En effet, des témoignages de journalistes révèlent les difficultés rencontrées au cours d’entretiens d’embauches en raison du voile, sans oublier les remarques hostiles. Rappelons que la presse n’est pas le seul secteur professionnel touché par ces discriminations religieuses. Un certains nombre d’entreprises occidentales ayant leurs filiales au Maroc n’hésitent pas à éliminer des postulantes simplement parce qu’elles sont voilées.