On craignait que le sport roi ne fasse plus que courir après ses valeurs cardinales, depuis un certain doigt accusateur qui, lors des Olympiades de la jeunesse en 2010, avait exclu de la pelouse les étoiles montantes du football iranien. Celles-ci furent alors contraintes de troquer le foulard de l’ostentation ou du prosélytisme, c’est selon, contre le chapeau de la conciliation, pour pouvoir mouiller le maillot, en passant simultanément du statut d’adversaires à celui, peu enviable, d’ennemies à abattre.
Saluée par l’ONU, la noblesse de la main tendue vers l’altérité est à l’honneur du ballon rond et de ceux qui président à ses destinées planétaires : elle "donnera l’opportunité à de remarquables athlètes féminines de démontrer que porter un voile n’est pas un obstacle au succès dans la vie et le sport", a déclaré le conseiller de Ban Ki-Moon, Wilfried Lemke.
Proposée lors d’un séminaire à Amman en octobre 2011, la mesure, dont on peut prédire qu’elle va bousculer certains schémas de pensée, ne sera effective que lors d’une réunion le 2 juillet prochain, et après examen de questions liées à la santé et à la sécurité.
Le voile n’a certes pas encore le vent en poupe, mais il a déjà remporté une belle victoire sur la rigidité de préjugés qui foulent aux pieds l’esprit sportif, à chaque fois qu’ils interdisent à des athlètes de fouler la pelouse du dépassement de soi.