L'Iran exhorte la communauté internationale à forcer Israël à mettre en œuvre la décision de la CIJ
Bagheri Kani a fait ces remarques dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
Voici le texte intégral de la lettre du chef de la diplomatie iranienne au chef de l’ONU :
Excellence,
Suite aux lettres précédentes de la République islamique d’Iran concernant l’invasion génocidaire de la bande de Gaza par le régime israélien occupant, y compris la lettre datée du 19 janvier 2024 (A/78/77-S/2024/174), je considère qu’il est nécessaire de souligner une fois de plus le rôle crucial et la responsabilité inévitable des Nations Unies en ce qui concerne le massacre en cours dans les territoires palestiniens occupés par le régime israélien.
Français Malgré la condamnation généralisée et l'indignation mondiale, et en dépit du décret de la Cour internationale de Justice en date du 24 mai 2024 ordonnant au régime occupant agresseur de « conformément à ses obligations au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, et compte tenu de la dégradation des conditions de vie des civils dans le gouvernorat de Rafah : a) Cesser immédiatement son offensive militaire et toute autre action dans le gouvernorat de Rafah qui pourrait infliger au groupe palestinien de Gaza des conditions de vie susceptibles d'entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; b) Maintenir ouvert le point de passage de Rafah pour la fourniture sans entrave et à grande échelle des services de base et de l'aide humanitaire dont il a un besoin urgent ; (c) Prendre des mesures efficaces pour assurer le libre accès à la bande de Gaza de toute commission d’enquête, mission d’établissement des faits ou autre organe d’enquête mandaté par les organes compétents des Nations Unies pour enquêter sur les allégations de génocide », quelques jours seulement après la décision de la CIJ, la communauté internationale a été témoin de scènes profondément affligeantes après les frappes aériennes sur un camp de déplacés à Rafah, tuant au moins 45 personnes, ce qui constitue une nouvelle phase du génocide israélien de la nation palestinienne.
Cela en dépit du fait qu’environ un million de civils innocents ont fui vers Rafah au cours des trois dernières semaines, ironiquement, pour se mettre à l’abri et se protéger des frappes aériennes et des opérations terrestres du régime israélien, pour finalement découvrir qu’il n’y a plus d’endroit sûr où aller, confrontés à un sentiment d’abandon sans nourriture, sans eau, avec des tas de déchets, de décombres et de décombres, luttant pour survivre dans des conditions de vie totalement inadaptées. Même l’apport d’aide et de protection par des entités humanitaires est devenu presque impossible en raison des actes génocidaires du régime occupant.
Excellence,
Je tiens à réitérer que la communauté internationale a le devoir juridique et moral de mettre un terme au génocide de la nation palestinienne et de l’empêcher. Il est impératif de garantir la satisfaction immédiate et sans entrave de tous les besoins humanitaires de la nation palestinienne. L’ONU a le devoir d’exhorter tous ses États membres à s’abstenir de collaborer avec le régime agresseur ; une telle collaboration pourrait constituer leur complicité dans la perpétration des crimes les plus graves qui préoccupent la communauté internationale et engager leur responsabilité internationale. En attendant, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités inscrites dans la Charte des Nations Unies à cet égard.
La communauté internationale est tenue de mettre un terme d’urgence aux atrocités perpétrées dans les territoires palestiniens occupés et de protéger les civils innocents.
Dans ce contexte, il est hautement attendu que votre Excellence utilise tous les moyens disponibles, avec la collaboration des États membres de l’ONU, pour faire pression sur le régime israélien afin de le contraindre à respecter la mesure provisoire contraignante de la Cour internationale de justice et à mettre fin au génocide du peuple palestinien.
En outre, je voudrais souligner l’obligation de prévenir le génocide découlant de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide ; tout en rappelant la responsabilité principale du Conseil de sécurité pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales conformément à l’article 24 de la Charte des Nations Unies ainsi que votre responsabilité en vertu de l’article 99 de celle-ci, je dois souligner que le caractère de jus cogens de l’obligation de prévenir le génocide implique que tous les États, en particulier ceux qui fournissent un soutien au régime israélien, ont légalement le devoir de prévenir le génocide, notamment en cessant de fournir toute aide au régime génocidaire.
Il est également évident que toute tentative visant à paralyser le Conseil de sécurité en l’empêchant de prendre des mesures appropriées pour arrêter et prévenir les attaques génocidaires israéliennes à Gaza, y compris à Rafah, en utilisant le droit de veto d’un membre permanent, placerait la responsabilité sur les épaules du Conseil de sécurité et en particulier sur le membre qui a empêché le Conseil de sécurité d’adopter ses résolutions contraignantes pour mettre fin à l’agression israélienne depuis le début des tentatives génocidaires.
Il est grand temps que la communauté internationale fasse preuve d’unité en exhortant et en obligeant le régime agresseur israélien à mettre en œuvre pleinement, immédiatement et efficacement les mesures provisoires indiquées dans les ordonnances de la CIJ du 26 janvier 2024, du 28 mars 2024 et du 24 mai 2024.
Nous sommes convaincus que sous la direction compétente de Votre Excellence, les demandes mondiales actuelles de justice ne resteront pas sans réponse.
Veuillez accepter, Excellence, les assurances de ma plus haute considération.
Ali Bagheri Kani
Ministre des Affaires étrangères par intérim de l’Iran