Le projet de résolution occidental contre la Syrie présenté au Conseil de sécurité, a été avorté par le double veto russo-chinois. C'est la troisième fois en neuf mois, que ces deux états utilisent leurs pouvoirs de veto en tant que deux membres permanents du Conseil de sécurité, qui comprend aussi 15 autres membres, afin d’empêcher la délivrance d'une résolution contre la Syrie. 11 pays ont voté en faveur du projet de résolution et deux se sont abstenus de voter l’Afrique du Sud – associée à la Russie et à la Chine au sein des BRICS - et le Pakistan.
Le projet euro-américain, prévoyait une ingérence externe sous le chapitre VII et des sanctions supplémentaires contre le gouvernement syrien si celui-ci refusait de se désarmer face aux bandes ASL.
La Russie avait pour sa part retiré le projet de la résolution russe du vote au Conseil de Sécurité de l’ONU, car les représentants de la Fédération de Russie ont considéré « la poursuite de la confrontation au Conseil de Sécurité de l’ONU inutile et contre-productive ».
La Russie et la Chine sont contre l'imposition d’ingérence militaire en Syrie
M. Sergueï Lavrov, ministre russe des AE, avait affirmé avant La réunion que Moscou était contre l'imposition de toute sanction à la Syrie, appelant les pays occidentaux à apaiser la situation au lieu de l'attiser.
Dans des déclarations faites aujourd'hui à la presse, M. Lavrov a dit : "Nous n'acceptons aucun recours au chapitre VII et à l'imposition des sanctions à la Syrie".
Il a indiqué que le président russe Vladimir Poutine avait affirmé lors de sa rencontre avec Kofi Annan, émissaire des NU pour la Syrie, que la position russe doit œuvrer à toutes les directions.
De son coté, M. Lavrov a fait noter que certains partenaires insistent sur l'imposition des sanctions unilatérales au gouvernement syrien, soulignant que ces partenaires doivent calmer l'opposition au lieu de l'inciter à poursuivre l'affrontement.
M. Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président russe pour les affaires du Moyen-Orient, vice-ministre des affaires étrangères, a affirmé que la Russie ne changera point sa position de principe au Conseil de sécurité et ne soutiendra aucune résolution sur la Syrie en vertu du chapitre VII des NU qui autorise l'ingérence étrangère.
Pour sa part, le vice-ministre russe des AE, Guennadi Gatilov, a indiqué que Moscou qualifie de "question grave" le fait de mener des entretiens au Conseil de sécurité sur le règlement de la crise en Syrie, alors que les personnes armées accentuent leurs actes terroristes sur le terrain et qu’ils sont soutenus par des pays membres au conseil des nations unies.
Dans ce contexte, Vitaly Tchourkine, représentant permanent de la Russie à l'Organisation des Nations Unies, a déclaré aux journalistes en marge de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies Jeudi 19 Juillet, que le conseil examinera la question l'extension de la mission technique d'observateurs internationaux en Syrie le vendredi 20. Il a ajouté « j’ai la conviction que nous allons adopter une décision à cet égard. »
Tchourkine a estimé que le texte occidental "ouvrait la voie" aux sanctions et "ensuite à une implication militaire de l'extérieur dans les affaires intérieures de la Syrie".
Le représentant permanent de la Chine aux NU, Baodong l'ONU Li, a souligné que la Syrie est confrontée à «un terrorisme extrémiste c’est pourquoi il est impossible de suspendre le rôle important des observateurs internationaux en Syrie et nous appuyons la prorogation de son travail", soulignant que "toute les pressions n’aboutirons pas à la résolution de la crise, et causerons la déviance de la crise de sa voie pacifique ", soulignant que Pékin refuse toute ingérence extérieure en Syrie, il n’est pas question d’appliquer une solution militaire."
Les occidentaux frustrés
Réagissant à ce vote, la Maison blanche a jugé la position de la Russie et la Chine "extrêmement regrettable". Les Etats-Unis considèrent que le Conseil de sécurité a "totalement échoué" dans la crise syrienne et veulent désormais travailler "en dehors du Conseil" pour faire pression sur Damas. L’ambassadrice américaine au conseil Susan Rice a déclaré que « Le Conseil de sécurité a totalement échoué dans sa tâche la plus importante cette année, a estimé Mme Rice, qui a accusé Russes et Chinois de protéger leur allié syrien ».
Le Royaume-Uni, via son ambassadeur à l'ONU Mark Lyall Grant, s'est dit "consterné" par le double veto, accusant les deux pays de "mettre leurs intérêts nationaux avant la vie de millions de Syriens".
Pour sa part, l'ambassadeur français aux Nations Unies, l'Ambassadeur Gérard Arrow, a déclaré que « L'utilisation, du veto au Conseil de sécurité jeudi par la Russie et la Chine contre le projet de résolution condamnant le régime syrien, une étape qui met la mission de l’émissaire de l’ONU M. Kofi Annan à risque. »
Il a souligné que le Conseil de sécurité discutera dans les heures à venir de la question de l'extension du travail des observateurs internationaux en Syrie pour une courte période.
Par ailleurs, l'Union européenne s'apprête, à renforcer les sanctions contre la Syrie. Le texte devrait être voté lundi par les ministres des Affaires étrangères de l'UE selon des sources diplomatiques citées par l'AFP.
Kofi Annan, s'est déclaré "déçu"
Kofi Annan, dont la mission de médiation est menacée, s'est déclaré "déçu" de l'échec du Conseil de sécurité de l'ONU de se prononcer sur la Syrie. " Le porte-parole de l’émissaire Kofi Annan Ahmad Fawzi a déclaré, qu’ "Annan a été déçu, car ce stade critique le conseil de sécurité n’a pas pu s’unir et prendre une décision forte et cohérente comme il l’a espéré ».