La presse en parle rarement, les habitants y manifestent pourtant quotidiennement par centaines, voire par milliers: à une quinzaine de km d'Al-Hoceïma dans le nord du Maroc, la ville d'Imzouren est l'autre haut-lieu de la contestation qui secoue le Rif depuis des mois.
Partagez le :
Jouxtant l'aéroport d'Al-Hoceïma, Imzouren est un agrégat de constructions cubiques dispersées dans un paysage rocailleux au pied des montagnes.
Entourée de cafés aux terrasses désertées, une fade esplanade de béton accueille le visiteur de passage, sous le regard de jeunes désoeuvrés. Beaucoup de volets sont fermés. Les appartements attendent le retour en été de leurs propriétaires, émigrés en Europe, aux Pays-Bas en particulier.
En cette deuxième semaine de ramadan, la petite ville de 40.000 habitants semble endormie, une impression contrastant avec les images qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux où des foules enflammées dénoncent le poing levé la "marginalisation" du Rif par un Etat marocain "corrompu".
Car le visage d'Imzouren change à la nuit tombée.
C'est dans cette ville que des émeutiers avaient incendié fin mars une résidence de la police, dont les occupants avaient dû sauter du toit pour échapper aux flammes.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des dizaines de jeunes dissimulés dans l'obscurité d'un quartier périphérique, le visage couvert, ont lancé des pierres contre les forces anti-émeutes qui bouclent le centre-ville. Les heurts ont duré deux heures.
Samedi soir, ils se sont de nouveau retrouvés au même endroit, en marge d'une marche de protestation qui a rassemblé un demi-millier de personnes et s'est terminée sans incident.