Nous, on peut qualifier facilement ces déclarations de mensonges, et d’absurdité.
Mensonges parce qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une guerre civile aujourd’hui en Syrie : quelques milliers d’activistes armés, dont une proportion importante d’étrangers venus de tout l’arc musulman, et quelques dizaines de milliers de manifestants de rue (en comptant les enfants) ça ne représente pas une moitié, ni même un tiers, ni même un quart d’une peuple de ٢٣ millions d’âmes : c’est d’ailleurs ce que vient de reconnaître implicitement le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen (voir notre article « Le patron de l’OTAN n’est pas sûr de la réalité d’une guerre civile en Syrie », mis en ligne le ١٣ juin).
Parce que l’ »horreur » stigmatisée par Fabius, elle a largement été assurée par les égorgeurs islamistes qui constituent le gros des effectifs de la rébellion, par les les épurateurs de chrétiens, d’alaouites et de sunnites patriotes de Homs, par les poseurs de bombes de Damas et d’Alep, par les commandos qui chaque jour abattent dans le dos des militaire et des notables, du professeur au sportif en passant para les « fils de » (du Grand mufti de Syrie, par exemple).
Absurdité, parce que dans une même conférence de presse l’ami de BHL dit que le régime massacre son peuple, et que celui-ci est déchiré une guerre civile. Auquel cas, la France de Fabius/Hollande doit préparer des sanctions pas seulement pour Bachar et ses amis, mais aussi pour tous les « groupes » qui les soutiennent. En parlant de guerre civile, Fabius et ses semblables de droite et de gauche ne semblent pas se rendre compte qu’ils infirment la thèse rabâchée par eux depuis un an, celle d’un pouvoir isolé face à son peuple, et seulement appuyé par une communauté minoritaire et une garde prétorienne. Mais nous sommes conscients qu’il est déraisonnable d’exiger logique et honnêteté intellectuelle à des dirigeants français sous influence.
Bien sûr, Fabius prépare un train de sanctions visant l’entourage du président Bachar mais aussi des personnalités militaires, qu’il a menacées de poursuites pénales dans un avenir – et pour cause – non précisé.
Laurent Fabius remplace Alain Juppé et Bernard-Henri Lévy est toujours aux commandes intellectuelles de la diplomatie arabe française (!) Sauf que tout ce petit monde sioniste-atlantiste brasse de l’air plutôt qu’il n’impulse un direction aux événements. Comme son prédécesseur, Fabius va organiser un raout diplomatique parisien anti-syrien en juillet, avec ses patrons américains et ses pantins syriens du CNS. Et comme ses prédécesseurs, ce sommet n’accouchera que d’incantations et de sanctions nouvelles, qui n’abattront évidemment pas le régime, si elles gênent la population.
Il ne faut donc pas s’alarmer plus que ça des postures de Fabius. En France, l’alternance diplomatique se fait sous le signe de la continuité dans l’aveuglement et la soumission à Washington. Et Fabius, en parfait clone de Juppé, échouera à influer sur le destin syrien.
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