Un gouvernement à la tête duquel il veut nommer une personnalité indépendante pour prouver sa bonne volonté à être le président de tous les Égyptiens. Un engagement qu'il avait pris lors de sa première allocution en tant que président élu. M. Morsi devra prêter serment samedi devant la Haute cour constitutionnelle, ont rapporté hier les médias égyptiens. Ces derniers, notamment, le journal gouvernemental Al-Ahram, ont évoqué le nom de Mohamed El Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et prix Nobel de la paix ۲۰۰۵, proche de certains mouvements parmi les initiateurs de la révolte contre le régime de Hosni Moubarak.
Le journal susdit a, toutefois, affirmé que M. El Baradei ne s'est pas encore prononcé sur cette offre et discutait de plusieurs aspects liés aux prérogatives, au programme et à la composition du futur gouvernement. Le quotidien mentionne aussi le nom de Hazem el-Beblawi, qui a été ministre des Finances d'un gouvernement de transition après la chute de H. Moubarak.
Interrogé par l'Agence de presse française (AFP), M. Beblawi a toutefois déclaré être à l'étranger et ne pas avoir été approché jusqu'à présent. L'ouverture du prochain gouvernement à des personnalités extérieures au mouvement islamiste est considérée comme un test de la volonté affichée par M. Morsi d'être le «président de tous les Égyptiens». Des sources politiques égyptiennes ont affirmé aux agences de presse que le gouvernement sera essentiellement composé de personnalités technocrates qui n'ont aucune appartenance partisane.
L'armée au pouvoir en Égypte a promis de remettre, avant la fin du mois, le pouvoir au nouveau chef de l’État, issu de la puissante confrérie des Frères musulmans, mais aucune date précise n'a été annoncée officiellement. «Morsi adresse des messages d'assurances à l'ensemble» de la population, écrit mercredi le quotidien indépendant Al Masry al-Yawm alors que d'autres journaux évoquent des consultations tous azimuts du premier président civil d’Égypte depuis la fin de la monarchie en ۱۹۵۲. Il a ainsi rencontré des familles des «martyrs» parmi lesquelles Mme Leila Marzouk, mère de Khaled Saïd, un jeune égyptien battu à mort le ۶ juin ۲۰۱۰ à Alexandrie par des policiers pendant sa garde à vue et qui est devenu un symbole de la répression policière et de la révolte.
Selon la tribune, ces familles lui ont demandé de rejuger les responsables de la répression de la révolte de janvier/février ۲۰۱۱, selon les journaux. Le nouveau président a également reçu des délégations d'Al-Azhar, la plus haute autorité islamique d’Égypte et de l'Eglise copte orthodoxe. De nombreux membres de la communauté chrétienne, qui représentent ۶ à ۱۰% de la population égyptienne, ont exprimé leur inquiétude après l'arrivée au pouvoir d'un islamiste, craignant davantage de discriminations. Pour rappel, dans son premier discours à la nation dimanche après son élection, M. Morsi a appelé les Égyptiens à la cohésion entre les différentes composantes de la société.