Le président doit abandonner ses revendications maximalistes
Taghrib (APT)
Michael Smith, amiral à la retraite qui a passé une vingtaine d’années de sa vie au service de l’armée américaine, a publié, le 21 juin, un article sur le site web analytique Lobelog, où il a reconnu l’échec des politiques de la Maison-Blanche face à l’Iran.
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« L’incapacité chronique de l’administration Trump à formuler une stratégie nationale cohérente concernant l’Iran mine les intérêts stratégiques des États-Unis et fait tout autant figure d’embarras national que de manquement au devoir. De nombreux anciens hauts responsables diplomatiques et militaires ont réclamé ce changement il y a plusieurs mois. Avancer aveuglément avec une stratégie de “pression maximale” dépourvue d’objectifs réalistes amène la région au bord d’un autre conflit inutile. La pression accrue, les déclarations belliqueuses et l’isolement diplomatique n’ont pas changé le comportement de l’Iran dans le sens souhaité par les États-Unis. Les dégâts subis par les pétroliers, appartenant à une société norvégienne et au Japon, n’ont fait que renforcer la tension entre les États-Unis et l’Iran. L’épisode survient environ un mois après que quatre autres pétroliers eurent été touchés dans un port des Émirats arabes unis. Et laissant présager que d’autres incidents dans le golfe Persique pourraient très bien se produire sans préavis, le commandement central américain a annoncé cette semaine que l’Iran avait abattu un drone de la marine américaine alors qu’il survolait l’espace aérien international au-dessus du détroit d’Hormuz, mais Téhéran a affirmé que le drone avait été attaqué quand il survolait son territoire.
La confusion dans les eaux du golfe Persique est une expression appropriée pour définir la politique plus large de l’administration Trump en Iran. En termes simples : la Maison-Blanche est perdue, car incapable d’exprimer précisément ce que sa politique de pression maximale contre la République islamique est censée réaliser. Les États-Unis ne peuvent pas se permettre de répéter les mauvaises pratiques qui ont conduit à la guerre en Irak ou de présumer que leurs prétentions vont être acceptées comme des faits. Contrairement à la plupart des conseils qui circulent dans les couloirs du Pentagone, la voie à suivre pour l’Iran ne devrait pas consister en des déploiements militaires américains et étrangers supplémentaires dans le golfe Persique. Elle devrait plutôt être centrée sur une campagne hautement coordonnée et synchronisée visant à amener l’Iran à la table des négociations.
La Maison-Blanche a estimé qu’une pression financière sans relâche sur l’économie iranienne, notamment une réduction significative de ses exportations de pétrole brut, obligerait Téhéran à capituler face aux exigences américaines. Cette croyance s’est révélée profondément erronée. En fait, Téhéran a réagi à la stratégie du bâton de Washington et non pas à sa stratégie de la carotte. L’Iran n’a ni cédé ni fait de concession. Les États-Unis doivent accepter le fait que leur approche a échoué et reconnaître que les tentatives d’acculer l’Iran a conduit à un comportement iranien plus provocateur qui pourrait causer des perturbations des flux pétroliers mondiaux ou, dans le pire des cas, une autre grande guerre américaine au Moyen-Orient. Il est très important que l’administration américaine abandonne ses revendications maximalistes et qu’elle s’engage dans un compromis pragmatique qui est essentiel pour désamorcer la situation actuelle. »