Le Conseil Central Islamique Suisse
Fondé par de jeunes suisses convertis, le Conseil est né à Bienne en octobre 2009, en raison d’une volonté de défendre le point de vue des musulmans suisses. Le contexte de sa création n’est pas anodin puisqu’elle survient alors en pleine montée d’islamophobie, et peu de temps avant le vote helvétique par référendum pour l’interdiction des minarets (29 novembre 2009).
Malgré l’hétérogénéité des musulmans suisses, avec près de 100 nationalités et un plurilinguisme, le CCIS détient près de 2000 adhérents, et une organisation digne d’une grande entreprise composée d’une présidence et de diverses directions (financière, communication, coordination, éducation, etc).
Le but central du CCIS est de rassembler les musulmans comme l’illustre leur devise « Tous ensemble, nous sommes capable d’agir ». Elle vise aussi à communiquer et à agir en mettant en place des projets et des activités.
Tout comme l’explique leur site officiel, les projets touchent divers niveaux. Au niveau politique, le CCIS agit afin d’informer sur les lois et les projets de lois concernant la communauté, et tente d’exprimer le point de vue des musulmans. Au niveau financier, il tente d’aider et de développer le patrimoine par des crédits futurs et halal afin de faciliter la création de nouvelles mosquées et d’écoles. Au niveau communicationnel, le Conseil organise des stands et des campagnes d’informations sur l’islam, mais aussi en développant les relations publiques. Au niveau de l’éducation, le Conseil planifie des séminaires, des conférences, ainsi que des sermons religieux, et des cours.
Une grande mosquée en projet
Le Directeur du CCIS, Nicolas Blancho s’est lancé dans une campagne de recherche de dons afin de réaliser un projet de construction de ce qui deviendrait la plus grande et la plus moderne mosquée helvétique. Elle serait bâtie sur un espace de 2400 mètres carrés sur 4 étages, et posséderait une galerie marchande. Le budget pour sa réalisation est estimé à 20 millions de francs suisses, et elle serait implantée à Berne, à Bümpliz. Le Directeur compte sur les négociations en cours avec le Qatar, et le Koweït pour concrétiser ce projet, d’où ses récents déplacements dans les pays pré-cités.
Une web-tv 100% musulmane
L’annonce du lancement d’une chaîne de télévision musulmane suisse est désormais officielle. Elle sera effective cet été 2012 selon le porte-parole du Conseil, Abdel Azziz Qassim Illi.
Cette chaîne constituera un véritable outil de communication, afin d’informer les musulmans de Suisse, avec entre autres, des talk show politiques, un magazine hebdomadaire analysant l’actualité, et des sermons. Elle sera disponible en arabe, en bosniaque, en allemand, et en albanais.
Une carte de réduction dédiée aux musulmans
La Swiss Muslim Card permettrait à ses détenteurs d’obtenir des réductions dans des restaurants, des hôtels, et des magasins, mais aussi des primes d’assurance maladie. Ces baisses seraient de 5 à 15% en fonction notamment de la personne. Les familles nombreuses seront par exemple privilégiées.
Aucune date de sortie n’a encore été annoncée, mais le projet est déjà dénoncé par certains non musulmans suisses.
D’autres initiatives sont en cours de négociations et/ou de réalisations tel que le Centre de documentation sur l’islamophobie en Suisse, ou encore la mise en place d’un fond de crédits halal pour les constructions de nouvelles mosquées, et la construction d’écoles musulmanes.
In fine, le CCIS offre aux musulmans suisses l’opportunité de défendre leur pratique avec des projets indispensables telle que la création de mosquées, et d’écoles, mais aussi une opportunité de s’exprimer afin de se défendre, surtout dans un contexte d’islamophobie accrue.
Soulignons également l’engagement communicationnel des membres de la Direction, qui ne craignent pas d’être médiatisés. Bien à l’inverse, ils n’hésitent pas à s’adresser à la presse nationale, et à répondre à toutes leurs interrogations lors de diverses interviews.
Ces efforts participatifs du CCIS permettraient d’encourager les interlocuteurs d’accepter l’islam et sa pratique, dont l’image est ternie, et à terme, de bannir les préjugés responsables de l’islamophobie.
Reste à savoir si la communauté musulmane française est prête à s’unifier afin de constituer un acteur associatif et politique majeur sur le modèle du CCIS afin de défendre les droits des musulmans à vivre leur foi (mosquées, écoles, port du voile) et de sensibiliser l’opinion publique sur l’islamophobie.