"Des initiatives sont en cours pour me faire peur, mais leurs auteurs ignorent que je ne suis pas de ceux qu'on effraie", a-t-il dit dans une intervention par visioconférence à quelque ۸.۰۰۰ partisans de son nouveau parti, la Ligue musulmane pour l'ensemble du Pakistan (APML), réunis à Karachi.
"J'ai livré des guerres, je n'ai pas peur du danger", a-t-il ajouté.
L'ex-général, qui a démissionné et quitté son pays en ۲۰۰۸, fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré contre lui par une cour spéciale dans le cadre de l'enquête sur la mort de Benazir Bhutto, tuée en décembre ۲۰۰۷ dans un attentat à Rawalpindi. Il lui est reproché de ne pas avoir mis à disposition de l'ex-Premier ministre un dispositif de sécurité à la hauteur des dangers qu'elle courait.
A ses partisans, Musharraf a précisé qu'il regagnerait le Pakistan entre le ۲۷ et le ۳۰ janvier.
De sources saoudiennes et pakistanaises, on indique dimanche qu'il prévoit de se rendre d'abord en Arabie saoudite pour obtenir le soutien de Ryad.
"Musharraf se rendra prochainement en Arabie saoudite pour obtenir le soutien (des autorités) avant de revenir au Pakistan", a indiqué une source saoudienne proche du dossier. Une source pakistanaise a confirmé que Musharraf, qui se trouve actuellement à Dubaï, se rendrait prochainement à Ryad.
La source saoudienne n'a pas souhaité précisé la nature du soutien recherché par l'ancien chef d'Etat, qui avait pris le pouvoir à la faveur d'un putsch en ۱۹۹۹, mais certaines informations laissent penser qu'il pourrait chercher des garanties le protégeant de toute arrestation à son retour au Pakistan.
"Je ne cherche aucune garantie de qui que ce soit", a rétorqué Pervez Musharraf dans une interview accordée dimanche soir à Reuters à Dubaï. "J'ai dit à de nombreuses reprises que mon intention était d'obtenir le soutien du peuple."
L'Arabie saoudite, qui jouit d'une grande influence au Pakistan en raison de son aide financière, a exprimé son inquiétude concernant les relations tendues entre l'armée et le gouvernement ces derniers mois. "La stabilité du Pakistan est très importante pour la région et doit se maintenir", a dit une autre source proche du dossier.
Un retour de Pervez Musharraf dans le jeu politique pakistanais pourrait accentuer ces tensions, estiment des analystes.
Musharraf juge pour sa part nécessaire de sauver les relations entre le Pakistan et les Etats-Unis, mises à mal par la mort d'Oussama ben Laden, tué en mai dernier en territoire pakistanais par un commando des forces spéciales américaines sans que les autorités du Pakistan n'en aient été informées au préalable.
La mort de ۲۸ soldats pakistanais tués par erreur en novembre dans un raid de l'aviation américaine à la frontière avec l'Afghanistan n'a fait qu'aggraver la crise entre les deux pays.
"Aujourd'hui, les relations pakistano-américaines sont à leur plus bas, du fait d'un déficit de confiance", a dit Musharraf.
"Je crois que le Pakistan doit justifier et clarifier la question Oussama ben Laden ( qui vivait depuis plusieurs années dans une ville proche d'Islamabad). Dans le même temps, les Etats-Unis doivent préciser quel paysage ils laisseront (en Afghanistan) à leur départ, en ۲۰۱۴, parce que cela affectera directement le Pakistan", a-t-il ajouté.